jueves, 9 de octubre de 2008

Science de l'Amour

'Considérant le corps mystique de l’Eglise, je ne m’étais reconnue dans aucun des membres décrits par Saint Paul, ou plutôt je voulais me reconnaître en tous… La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Eglise avait un corps, composé de différents membres, 1Co 13,1-3 le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était BRULANT d’AMOUR. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Eglise, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Evangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’AMOUR RENFERMAIT TOUTES LES VOCATIONS, QUE L’AMOUR ETAIT TOUT, QU’IL EMBRASSAIT TOUS LES TEMPS ET TOUS LES LIEUX … EN UN MOT, QU’IL EST ETERNEL !…

Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : O Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, MA VOCATION, C’EST L’AMOUR !… Oui j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’AMOUR… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !… (...) je me suis présentée devant les Anges et les Saints, et je leur ai dit : « Je suis la plus petite des créatures, je connais ma misère et ma faiblesse (...) ô Bienheureux habitants du Ciel, je vous supplie de M’ADOPTER POUR ENFANT, à vous seuls sera la gloire que vous me ferez acquérir mais daignez exaucer ma prière, elle est téméraire, je le sais, cependant j’ose vous demander de m’obtenir : VOTRE DOUBLE AMOUR (...). Je suis l’Enfant de l’Eglise, et l’Eglise est Reine puisqu’elle est ton épouse, ô Divin Roi des Rois… Ce ne sont pas les richesses et la Gloire, (même la Gloire du Ciel) que réclame le cœur du petit enfant… La gloire, il comprend qu’elle appartient de droit à ses Frères, les Anges et les Saints… Sa gloire à lui sera le reflet de celle qui jaillira du front de sa Mère. Ce qu’il demande c’est l’Amour… Il ne sait plus qu’une chose, t’aimer, ô Jésus… (...). Mais comment témoignera-t-il son Amour, puisque l’Amour se prouve par les œuvres ? (...). Je n’ai d’autre moyen de te prouver mon amour, que de jeter des fleurs, c’est-à-dire de ne laisser échapper aucun petit sacrifice, aucun regard, [4v°] aucune parole, de profiter de toutes les plus petites choses et de les faire par amour… (...) je chanterai, même lorsqu’il me faudra cueillir mes fleurs au milieu des épines et mon chant sera d’autant plus mélodieux que les épines seront longues et piquantes (...). O mon Jésus ! je t’aime, j’aime l’Eglise ma Mère, je me souviens que : « Le plus petit mouvement de PUR AMOUR lui est plus utile que toutes les autres œuvres réunies ensemble » mais le PUR AMOUR est-il bien dans mon cœur… (...). Enfin ne pouvant planer comme les aigles, le pauvre petit oiseau s’occupe encore des bagatelles de la terre.'

Manuscrit B, Lettre à Soeur Marie du Sacré-Coeur
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Manuscrits autobiographiques, Ed. du Seuil, Paris 2006, pp. 226-231.

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